Souvent, en suivant les différentes présentations dans le cadre du cours de Gestion de projets en communication, je reviens sur certaines de mes expériences et mes missions à l’étranger, en particulier dans des contextes économiques de sous-développement, où les moyens et les expertises font défaut, pour voir si ces différents concepts et ces beaux diagrammes ont pu ou peuvent y être appliqués.
La gestion des projets, on en fait chaque jour, mais d’une manière informelle. Le résultat optimal n’est pas toujours au rendez-vous puisque la rigueur scientifique manque parfois. D’ailleurs comme toute autre discipline de management ou de gestion, l’homme en a toujours fait quelque part, la science est venue structurer pour un meilleur partage des connaissances.
Or dans des contextes socio-culturels différents et diamétralement opposés au contexte occidental, les concepts sont difficilement applicables car, l’environnement est imprévisible et difficile à cerner. Le travail, si tu veux qu’il soit bien fait, tu dois en assumer une grande partie ou dans les meilleurs des cas, superviser le maximum avec une présence physique parfois autoritaire.
Dès lors, dans de telles conditions et avec des résultats attendus clairement définis dans le temps , le dilemme de « bien faire ou faire vite » se pose.
Dans certaines expériences en Afrique où j’ai succédé à d’autres personnes sans background interculturel, j’ai donné de meilleurs résultats juste par le fait que j’avais une meilleure compréhension de la mentalité locale et j’ai réussi aussi imposer une révision des priorités.
Dans le cas de projets de communication, bien que nous faisions plus de la communication marketing en ligne ciblant une clientèle internationale, j’établissais mon propre agenda comme si j’étais le seul à exécuter les projet et j’essaye d’y greffer les autres membres de l’équipe, en renforçant leurs capacités progressivement.
Les notions du temps et de l’espace, intrants nécessaires dans toute exécution d’un projet, ont des significations différentes dans les différents contextes.
La gestion des projets en communication, nous en ferons toujours, reste à savoir si nous la ferons en solo ou en équipe.
Point de vue intéressant. À certains endroits, je suis diamétralement opposée à ce que vous affirmez alors qu’à d’autres, nos pensées converges. S’il nous arrive tous parfois de vouloir prendre en main de façon unilatérale un projet afin d’en optimiser les résultats, je pense que, de façon générale, il ne faut pas succomber à cette tentation. Bien sûr, démontrer un certain leadership est toujours utile. Par contre, s’emparer du projet et en créant un deuxième échéancier en parralèle à celui déjà existant (et ne mettant que nous même en scène) peut, selon moi venir semer la confusion et la méfiance sein de l’équipe.
Merci Marie-eve pour ton commentaire.
Il ne s’agit pas de s’emparer du projet ou de créer un agenda parallèle, mais de travailler sur un scénarion B au cas où tes ressources (humaines) faillent à leur devoir (car souvent c’est le cas dans un contexte culturel différent). Quand je dis »faire mon agenda comme si je travaillais seul », c’est en termes de ressources, car à certaines occasions tu dois tout faire. Par contre si le processus avance sans problèmes, chacun exécute ses activités.
Dans le projet en question, j’avais différents objectifs, principalement les deux suivants :
– L’amélioration des revenus
– Le renforcement des capacités
Pour le premier, tu as des engagements avec le monde extérieur et tu n’as pas droit à l’erreur, sinon tout le projet tombe dans l’eau.
Pour le 2eme objectif, c’est un apprentissage progressif (comme je l’ai mentionné dans mon billet). Venir en un seul coup et leur montrer des diagrammes, des modèles économiques…serait trop dans un contexte où trouver un commercial compétent relève du quasi-impossible.
La finalité au bout du compte sera la même, ce qui diffère c’est juste le choix de la meilleure recette qui puisse te garantir une harmonisation des ingrédients.
Pour ce projet, depuis trois ans, l’équipe que j’ai mise en place est toujours là, ils se sont beaucoup développés et ont même obtenu des certifications internationales.
Merci pour les spécifications. Le projet à l’air bien intéressant. Vous devez avoir de grandes qualités de pédagogue et de gestionnaire pour pouvoir évoluer dans un tel contexte!
Très intéressant Bouazza. Et très juste aussi. Ton billet me fait penser à mon expérience en Union soviétique, où j’ai enseigné le français pendant deux ans, deux ans avant la chute du mur. Bien sûr, ce n’était pas, comme tu le mentionnes, dans le cadre d’un mandat officiel de gestion de projet. Mais tout relevait effectivement de la gestion de projet. Trouver les musiciens, les chansons (et veiller à ce qu’elles ne contiennent pas de propos « antisoviétiques »), les vêtements et la musique pour le défilé, faire répéter les étudiants, s’assurer qu’ils viennent aux répétitions (ah ah !!! échéancier, calendrier, horaire… mots inconnus au dictionnaire!), obtenir l’appui des profs, de la direction, et du « partcom », chargé à l’époque de l’orthodoxie politique de ses ouailles, sans l’accord duquel rien n’était possible, etc. Je m’étais mise en tête, avec l’accord des étudiants, d’organiser un récital de chansons francophones et un défilé de mode. Défi de taille. Tout était compliqué et aucune des attitudes que je pouvais avoir face aux difficultés n’était pertinente. Parce que toutes les références culturelles, du moins au début, étaient à découvrir. Il s’agit d’une expérience très formatrice et très enrichissante. La nécessité aidant, on apprend très vite et on s’adapte tout aussi vite. Et dans ce cas aussi, le solo s’est imposé de lui-même. Même si, à l’époque, pouvoir compter sur une équipe était mon rêve le plus cher, et le plus fou!