Quand le perfectionnisme se traduit par le plaisir du travail bien fait, il est agréable d’avoir un perfectionniste dans son équipe de projet. Par contre, lorsque le perfectionnisme est poussé au point où le travail n’est jamais terminé parce qu’il peut toujours être amélioré, c’est une autre paire de manches.
Dans un projet de rédaction, il est très facile de tomber dans le perfectionnisme extrême. Fait vécu : dans ma petite équipe, une des auteures de notre revue fait également partie du comité de révision. Et c’est une perfectionniste. Lorsqu’il est question de ses textes, il est très difficile pour moi de lui faire accepter des changements. À chaque vague de révision (il y en a généralement deux), elle choisit toujours de changer un mot pour un synonyme ou d’ajouter une image alors que tout est déjà coincé dans la page.
Je comprends qu’elle veut que la revue, et particulièrement ses textes, soit parfaite. Mais lorsqu’elle fait des changements dans la forme alors que je cherche les coquilles trois jours avant l’impression, j’ai un peu envie de lui enlever son exemplaire et d’ignorer ses changements. Ce perfectionnisme nous cause aussi des problèmes pour la gestion du temps. Elle a de la difficulté à me remettre sa première version de ses textes tant qu’ils ne sont pas tout à fait à son goût, même si ça signifie prendre plus de temps que ce que lui permet notre échéancier.
Je n’ai malheureusement pas de trucs à vous donner si vous êtes dans une situation semblable à la mienne. J’en ai discuté avec elle et notre supérieure, et ça bouge un peu. Les changements dans ses textes sont plus faciles à faire passer, mais ce n’est pas une immense victoire. J’ai l’impression que c’est un objectif à très long terme que de lui faire comprendre qu’elle peut lâcher prise et me faire confiance.
Je comprends les difficultés que cela peut poser. Travaillant moi-même comme rédactrice au sein d’une grande équipe, je m’efforce de concevoir des textes qui répondent aux besoins des différentes clientèles de l’organisation et qui seront susceptibles, bien sûr, d’intéresser le lectorat. Or, lorsque la version définitive d’un texte est nécessaire à la touche finale d’un projet, il faut se décider à le faire suivre pour qu’il soit publié dans les délais requis.
Je vis un problème un peu similaire au tien dans mon milieu de travail. Il arrive en effet qu’une fois toutes les étapes d’approbation franchies et le texte envoyé à la traduction et au graphisme, l’une des personnes à qui il a été demandé des commentaires revienne demander des modifications supplémentaires. Cela cause des désagréments en raison du temps qu’il faut mettre à s’assurer que les personnes intéressées reçoivent et transcrivent bien les changements demandés, sans compter les risques d’erreurs dans les versions.
Ce que la directrice des communications et moi-même avons notamment décidé de faire pour essayer de freiner les ardeurs de certains est de joindre en copie conforme ces personnes lorsque nous procédons à l’envoi à la traduction et au montage en disant quelque chose du genre : « Voici la version définitive acceptée par tous, le texte est prêt à être traduit. Le texte français peut également être monté dans la plateforme graphique ». Cela suffit parfois à convaincre les gens qu’il est trop tard pour intervenir à nouveau dans le processus, ou leur fait du moins comprendre que toute modification apportée sera minimale. Je suis toutefois bien consciente que chaque environnement de travail est différent et que cette solution partielle, mais solution tout de même – on a en effet remarqué que moins de demandes de modifications nous sont adressées à présent – ne s’applique peut-être pas à ta situation.