
L’écoute d’un autre monde
Sur l’île de Bornéo, Bruno Manser découvre en 1984 dans la région du Sarawak le groupe nomade d’Along Sega, issu du peuple Penan parmi lequel il vivra six ans. Il est conquis par ces hommes singuliers chassant primitivement et vivant nus en osmose avec la nature. C’est avec un profond respect qu’il gagne leur confiance. En retour, les Penan enseigneront à ce jeune blanc maladroit et mal adapté à la jungle. Et quelle écoute Bruno Manser, nommé affectueusement ‘Laki Penan’ (Penan Man), manifestera tout au long de son séjour où il apprend la langue et les us et coutumes. Il mange, chasse et prie comme eux et avec eux. Ses carnets de voyage révèlent des esquisses des Penan dans leur quotidienneté ….mais aussi ses réflexions sur la beauté de la nature.
Il participe à plusieurs documentaires mais le film Bruno Manser Laki Penan de Christoph Kühn, sorti en 2007 qui raconte son apprentissage est sans doute le plus bouleversant.
Activiste
Ce séjour sera cependant brusqué par l’avancé des compagnies d’exploitation forestière qui pillent légalement la jungle. Le territoire Penan se rétrécit et Bruno Manser voit la nécessité d’organiser avec les Penan des manifestations pacifiques pour sensibiliser l’opinion publique à cette agression. Il sera vite ciblé comme indésirable par les autorités. De retour en Suisse, il crée le Fonds Bruno Manser. Malgré son tempérament réservé, il donne plusieurs conférences, enfile les entrevues et met en place diverses actions spectaculaires dont un saut en parapente sur les bâtiments de l‘ONU à Genève.
Celui-ci dira: « Au début de la chaîne j‘ai placé le respect: le respect des Penan, le respect de la forêt pluviale, et le respect de l‘écosystème Terre en tant que tout. C‘est l‘association du respect et de la compréhension qui motivent l‘action. Sans respect, pas de raison d‘agir. » Par son travail Bruno Manser a certes contribué à élargir l’écoute envers les peuples dits primitifs, il a aussi publiciser une nouvelle façon d’appréhender l’homme.
Bruno Manser disparait en mai 2000 lors d’un séjour dans les monts Kelabit au Sarawak. Toutes les expéditions de recherche à son endroit s’étant avérées infructueuses, il est présumé mort depuis 2006. Bien que des soupçons pèsent sur les autorités du Sarawak, aucune preuve n’a pu être faite de leur implication.
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